dimanche 23 mars 2008

"Je ne suis pas une pédale, moi !"


Au lycée d'Ubu, il n'est pas inenvisageable pour un élève de traiter l'un de ses professeurs de "pédale" et de le menacer de "sanctions". On peut s'en sortir très bien, avec 2-3 jours de vacances (euh, pardon, d'"exclusion") et des excuses vaguement marmonnées, les mains dans les poches, en regardant par terre, le tout cautionné par le petit-chef en place (présent lors des excuses).
Nous conseillons cette méthode à tous les élèves qui auraient besoin qu'on leur accorde un repos bien mérité pour se remettre du travail de sape épuisant qu'ils mènent d'arrache-pied, continuellement, jour après jour, année après année, au sein du système éducatif.

Résumé:
Un prof demande à son élève de Terminale XXX de se mettre au premier rang (place qui lui a été attribuée pour ne pas qu'il perturbe la classe.) L'élève répond que si c'est ça, il aime autant sortir [en général, nous aussi...on aime autant qu'ils se cassent].
" Très bien," répond le professeur (toujours assis à son bureau et d'un genre plutôt pacifique), "De toute façon, je ne peux pas vous en empêcher. Je vous noterai absent."
Réponse de l'élève, manifestement très énervé et qui se met à crier :
« C’est quoi ça ! … vous croyez quoi ?
» Suite (après que le professeur lui eut expliqué qu'il était obligé de le sanctionner en le notant absent) avec tutoiement cette fois :
« Tu vas voir, si tu me sanctionnes, c’est moi qui vais te sanctionner » ; "Tu veux qu’on s’explique ? Eh bien viens dehors on va s’expliquer ! » ; «Je suis pas une pédale moi ! ».
Face à cette attitude pour le moins agressive et incontrôlée, le professeur demeure assis à son bureau et tente de conserver son calme car (je cite à peu près ses propos) " j'ai bien senti que l’élève n’attendait qu’une chose : que je réponde à sa provocation pour passer de la violence verbale à la violence physique."

L'élève, cherchant visiblement le conflit, n'est plus disposé à sortir la classe. Heureusement, une prof. d'une salle d'à côté, alerté par les cris, intervient et l'élève s'en va.
C'est alors que les deux enseignants entendent un élève de la classe, vraisemblablement satisfait, dire :

"Il a eu peur"

[vous l'aurez compris : faire peur à ses profs constitue une victoire que certains affichent glorieusement dans leurs tableaux de chasse, s'assurant ainsi une renommée de petit caïd extrêmement valorisante aux yeux des autres et surtout des filles...Ah, le pouvoir de séduction du vaurien, c' est un classique !]

Après l'incident, les élèves pas particulièrement contrariés attendent que le cours reprenne. C'est un événement tout à fait normal, pour un élève de Terminale d'entendre son professeur se faire menacer et traiter de pédale (qui n'est pas une insulte en soi sauf dans la formulation et dans l'esprit de l'élève, bien sûr)...

Le prof va faire un rapport et se rend compte que la veille, un rapport sur la classe (et sur notre énergumène) a été fait par un collègue qui aurait reçu des tapes -"non amicales" dans le dos.


Bien entendu, nous nous attendons tous à des sanctions disciplinaires exemplaires (menacer un professeur, manquer de lui casser la gueule en cours, le traiter de "pédale", donner des tapes "non amicales"dans le dos d'un autre prof...ça fait beaucoup, non ?!)
D'ailleurs, le professeur, dans son rapport, a demandé que soient données des "sanctions significatives" correspondant à la gravité du comportement de l'individu en question.

Résultat: l'élève a été exclu 2 (3 ?) jours. il est revenu en cours une semaine plus tard , a balbutié quelques excuses peu convaincantes, les mains dans les poches et en regardant par terre, et ce, en présence du proviseur. Pensant qu'il incombait au proviseur, son supérieur hiérarchique, de ne pas accepter de telles excuses, prononcées sans conviction, le jeune collègue n'a pas osé les refuser. Aussitôt le cours repris, il a été contesté par des élèves qui ont remis en question son autorité.


La situation ne s'est guère améliorée depuis. Lorsqu'il exclut des élèves, ceux-ci à présent, disent qu'ils vont aller se plaindre auprès du proviseur...

C'est l'un des élèves de cette classe qui s'illustrera, quelques templs plus tard, plus tard dans le "lancer de guitare" !

Aucun commentaire: